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bertrand chedotal

post-capitalisme - idées et propositions

une architecture bipolaire...

Dans les pays dits dominants où la forme capitaliste est la plus développé, nous sommes en train de nous extraire de la domination prépondérante du  labeur gouvernée par la quête de survie. La capacité sociale à assurer pour tous les bases de la sécurité matérielle peut devenir effective dès lors que l’étranglement des rapports marchands sur les rapports socio-humains est dépassé et rompu. Parallèlement, la division entre travail manuel et intellectuel est remise en question, puisqu’au sein même de la sphère de production matérielle, la part associée au traitement de l’information devient essentielle et décentralisée.

L’information pyramidale hiérarchisée est court-circuitée par la mise en réseau transversale et horizontale. Les moyens et les flux d’information sont démultipliés et deviennent accessibles à chaque participant au collectif de travail ou au réseau en pair à pair. La capacité de chacun à déborder le cadre parcellaire de son inscription au travail devient nécessaire et possible. Des bases nouvelles  sont ainsi ouvertes pour l’épanouissement du couple appropriation/coopération .

La libérations des contraintes du renouvellement des cycles de la marchandise permet la réduction du temps de travail et le partage de ce temps de travail macro-socialement nécessaire. L’extension du temps libre démarchandisé favorise en retour l’extension du champ des activités micro-sociales, relevant de réseaux locaux ou spécialisés, à dimension créative et conviviale. Contrairement au capitalisme reproducteur de rareté et de destructions naturelles, le nouveau paradigme post-capitaliste fait du partage et de la créativité un espace d'abondance en humanité écologique.

 

Sur ces bases de mutation en cours, l’architecture utopique du post-capitalisme peut inscrire schématiquement dans la notion de la société bipolaire :

 

1 - A un pôle , le panel des activités à caractère macro-social , celles mise en œuvre au sein des grands moyens de production , de services et d’échange . Ces activités peuvent faire l’objet d’une appropriation effective par la coopération des différents acteurs, et parallèlement d’une appropriation juridique sous diverses formes (nationalisations , sociétés d’économie mixte , coopératives…) Cette appropriation permettra de faire prévaloir au centre des stratégies et politiques : Les critères d’utilité réelle et écologique , la réduction des activités parasitaires et de la consommation de temps de travail , les basculements d’une logique de concurrence à celle d’une coopération externe.

  La recherche permanente et décentralisée de réduction du temps de travail se ferait parallèlement à la mise en place d’un véritable partage assurant à chacun le doit effectif de s’inclure, selon des modalités de plus en plus choisies, dans une ou plusieurs activité(s) à dimension macro-sociale (hétéronome) .

  Le travail contraint et aliéné pourrait progressivement être subverti. Il correspondrait positivement au droit et au besoin individuel de déborder son inscription dans un espace domestique trop replié et non suffisamment ouvert à la richesse de la participation « anonyme » à l’œuvre collective . Il constituerait également l’espace privilégié de génération des droits sociaux : Garantie d’une rémunération directe (ou différée) de base ; accès à la gratuité des biens et services communs . Le critère de capital temps, réparti sur la durée de vie, pourrait se substituer à celui des obligations exprimées en nombre d’années et durées mensuelles légales. Cette proposition pourrait être complétée par des dispositifs de stimulation volontaire ( de type « travaux d’intérêts collectifs » ) afin de réduire et dépasser la division du travail entre les activités pénibles, à dominante d’exécution de tâches ou contraintes directement par des chaînes de production, et les autres activités largement déconnectées de ces contraintes.

  Chacun pourrait ainsi gravité librement dans l’espace de la pluriactivité : contrats d’activité macro-sociale ; activités de réseau local ou spécialisé ; activités marchandes intermédiaires ( de type petite entreprise ou artisan/autoentrepreneur ).

  Dans l’espace macro-social , deux types de monnaies circulent : nationale et internationale.

 

2 - A l’autre pôle, le temps libre dégagé de l'emprise du productivisme/consumérisme permettrait le développement multiforme des activités micro-sociales locales et de réseau. Ce développement permettrait en retour de démultiplier le champ des possibilités de choix individuels , concernant le niveau et les modalités de participation aux activités macro-sociales .

Les réseaux démarchandisés , dont les S.E.L. en constituent la préfiguration , sont tournés vers les notions d’utilité spécifiques , de partage , de transmission de savoir-faire , de redécouvertes de capacités d’autonomie , d’expérimentations sociétales , de créativité . Ils fonctionnent en dynamique d’abondance . L’inscription dans des comptes d’une valorisation associative interne des services donnés ( en positif) ou reçus ( en négatif) est assorti d’un principe de recherche d’équilibrage individuel et permet de dépasser les limites du simple troc . Chaque donné est une incitation à recevoir , et réciproquement chaque recevoir  une incitation à donner .

 

A côté d’une redynamisation des formes actuelles (SEL , AMAP , coopératives…), le champ des activités locales pourrait s’organiser à l’échelle des communes dans le cadre d’une démocratie participative . Les formes traditionnelles ( associations, bénévolats…) pourraient être stimulées. D’autres formes pourraient être expérimentées, particulièrement à l'échelle de la commune : Mise à disposition de locaux et de terrains, participation à des travaux d’intérêts collectifs ( aménagements, entretien, réhabilitation de patrimoine , services culturels et d’entraide ), incitation à la création de coopératives…

On pourrait tout à fait coupler cette dynamisation à la circulation d’une monnaie locale ( à l’échelle communale , inter communale ou de pays ). Par exemple telle contribution serait appréciée et valorisée par la remise de « bons communaux » permettant l’accès ( total ou partiel ) à des services générés par les réseaux d'une collectivité.

 

Le dispositif de la société bipolaire dépasserait le cadre d’une utopie réduite à la distribution d’un revenu minimal d’existence, lequel suppose une logique étatique et risque de se fondre dans l’illusion monétaire.

  Ce dispositif serait de nature à créer une dynamique de subversion de la dépendance au salariat grâce à la conjugaison de plusieurs facteurs :

- La réalisation effective du partage du temps de travail macro-social tend à faire disparaître la notion même de chômage et donc la subordination à la quête d’un emploi pour la survie .

- Des formes nouvelles de contrat incluant la pluriactivité pourraient être développées dans le sens de statuts de prestataires indépendants coopératifs .

- La mise en œuvre des processus d’appropriation/coopération devient la base d’une désaliénation des rapports au travail, dans le cadre d’un dépassement de la division du travail manuel et intellectuel .

- La réduction du temps de travail selon des modalités choisies ouvre le champ du développement des activités micro-sociales démarchandisées, en déconnection avec une dépendance trop pesante au salariat.

 

 

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