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bertrand chedotal

post-capitalisme - idées et propositions

Retour sur le marxisme

 

La démarche cognitive se recentrant sur une visée pratique passe par l’utilisation des apports fondamentaux de la pensée de Marx.

 

C’est d’autant plus nécessaire que le « marxisme » continue d’être réduit principalement à un théorie de la lutte des classes . Pétrifiée par les effets de l’horreur du capitalisme , la compréhension de la reproduction sociale tend spontanément à se limiter aux aspects phénoménologiques d’une vision frontiste entre des exploiteurs et des exploités , échappe bien difficilement à l’idéologie de la fatalité d’une lutte compulsive entre des dominants et des dominés dont l’enjeu serait une redistribution plus juste de l’ « argent » .

 

Marx n’avait-il pas avoué qu’il n’avait pas inventé la notion de lutte des classes ( « des historiens bourgeois l’avait fait avant moi ») mais qu’il s’était plus fondamentalement attelé à la mise en évidence des mécanismes qui reproduisent ce phénomène . L’approche systémique de l’historicité des formes sociales apparaît aujourd’hui bien évanouie, évanescente ou tout simplement tombée aux oubliettes . La dénonciation du « système » de manière incantatoire est aux antipodes d’une recherche des possibilités de le subvertir.

 

Le structuralisme des années 60/80 a été fécond sous l’angle des débats avec le marxisme en relecture , mais est resté tributaire des limites historiques inhérentes à la période. Les joutes entre philosophes marxistes ont dérivé , autour de la notion de système, vers l’opposition spéculative entre humanisme et antihumanisme théorique, tandis que les retombées vers le champ de l’économie politique ont été rapidement instrumentalisée par la logique étatique du « programme commun ». Le relais a été pris par le développement de la pensée systémique complexe , particulièrement sous l’impulsion d’Edgar Morin ( « La méthode »).

 

Des renversements de paradigmes majeurs ont bien été retrouvés, reformulés et approfondis, en résonance avec l’essaimage de la physique quantique : Déneutralisation du rapport sujet/objet ; caractère complexe , dialogique et holistique de la systémique ; appréhension du réel , non comme un ensemble d’éléments juxtaposés , mais comme un processus-enchevêtrement de rapports ; principe de la non-linéarité quantique…

 

Cette architecture formelle rejoint incontestablement le champ conceptuel de la dialectique marxiste . Mais , malgré des retombées dans les domaines des sciences physico-chimiques et de la théorie des organisations , cet apport est resté quasiment improductif du côté de l’intelligibilité pratique macro-sociale . Sur ce plan , la dialectique est resté purement formelle , en marge de l’analyse économico-politique . A son insu , Morin s’est laissé prendre aux pièges d’une pensée spéculative de l’ambivalence du « sapiens-demens » , du doute historique érigé en philosophie de la sagesse , du recours à l’éthique instrumentalisé pour réduire le mal . La pensée de Morin est, sans doute, restée prisonnière d’un déni de Marx , d’une incapacité à intégrer le champ de l'économie-politique dans l'approche de la systémique complexe.

 

Aller à la racine , décrypter l’insaisissable - le fétichisme de la marchandise - , non pas sous l’angle d’un simple rapport entre les choses , mais comme un enchevêtrement de rapports sociaux , suppose un passage obligé par les champ conceptuel de la dialectique matérialiste et historique – Un passage non dogmatique pour structurer une pensée opérationnelle de la transformation concrète.

 

La dialectique matérialiste : Un processus de pensée qui réfléchit ses propres présupposés , qui veille à s’arracher aux projections spéculatives , qui s’appuie sur la saisie du réel par la mise en évidence des polarités et contradictions , qui déborde le matérialisme grossier et intuitif en remettant sur ses pieds le rapport entre l’expérience immédiate et la représentation idéologique.

 

La dialectique historique :

 

  • Dialectique entre les rapports de production ( bases structurelle) et les forces productives ( mouvement fonctionnel ).

  • Dialectique des différents niveaux de rapports : L’infrastructure ( rapports de production,de distribution,de consommation ) et la superstructure ( idéologies et cristallisation dans les appareils institutionnels).

 

 La pensée concrète de l’émancipation  ne peut ignorer le piège de la représentation immédiate : La fonction du contrôle mental tendant à qualifier, à fixer, à généraliser l’expérience individuelle par transposition sur la représentation du monde ( la sphère de l'idéologie ). Seul, le passage par l' extraction conceptuelle permet de dépasser les illusions de l'apparence et le règne du relativisme de l'opinion ( sur la recherche de vérité ).

 

En ce sens, les apports philosophiques, méthodologiques et conceptuels de Marx demeurent facilitateurs voire incontournables, comme points d’appui pour franchir le cap du mystère du «développement de la barbarie au sein de la civilisation » .

 

«  Le concret est concret parce qu’il est le rassemblement de multiples déterminations, donc unité de la diversité. C’est pourquoi il apparaît dans la pensée comme procès de rassemblement, comme résultat, non comme point de départ, bien qu’il soit le point de départ réel et par suite aussi le point de départ de l’intuition et de la représentation. Dans la première démarche la plénitude de la représentation a été volatilisée en une détermination abstraite ; dans la seconde ce sont les déterminations abstraites qui mènent à la reproduction du concret au cours du cheminement de la pensée. »- Introduction à la critique de l’économie politique (1857).

 

 

 

 

 

 

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