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bertrand chedotal

post-capitalisme - idées et propositions

Sortir du néolithique

 

L’alternative au capitalisme intègre une dimension anthropologique.

 

Sortir du néolithique , «  passer de la préhistoire à l’histoire » , ouvre le champ d’une maitrise conscientisée des conditions matérielles de la reproduction sociale où la quête de la survie ne soit plus au centre de la manifestation de l’espèce humaine.

 

Le néolithique se caractérise comme une phase de séparation/domestication du rapport homme/nature et d’aliénation des rapports sociaux aux pouvoirs guerriers et religieux – des rapports que le capitalisme a cristallisé  dans le fétichisme de la marchandise.

 

La changement d’ère , le champ nouveau d’évolution sont associés à un processus de resymbiotisation conscient de la puissance du vivant humain et naturel , décontraint du régime de la survie .

 

Nous sommes, sans doute, à la croisée des chemins. C’est au moment où sa tendance compulsive à l’auto-prédation ( l’homme est un loup pour l’homme) devient prégnante à un horizon de plus en plus raccourci que le genre humain dispose enfin des capacités à franchir un cap d’évolution.

 

Cette compulsion autodestruction naturelle ce résulte ,non pas d’une barrière naturelle ou d’une nature humaine soumise à la damnation d’une ambivalence « sapiens-demens » , mais d’un emprisonnement aveugle et trivial à l’autodomination des catégories marchandes sur la reproduction sociale.

 

Ce rapport de la marchandisation de la puissance créatrice humaine apparaît bien comme la dernière forme historique où se cristallise les archaïsmes de l’inconscient collectif du néolithique : les peurs associées à la quête de survie , l’intégration de la loi de la jungle comme une donnée sociale naturelle , l’acceptation de la séparation dominant-dominé , la persévérance aux idéologies de soumission et de victimisation – Dernier rempart du mythe fondateur judéo-chrétien où la prétention de l’accès à l’ « arbre de la connaissance » se paye d’un « gagner son pain à la sueur de son front ».

 

Le miroir à briser qui devient de plus en plus virtuel ( la sujétion à la mystification financiaro-monétaire) se heurte aux archaïsmes de cet héritage :

 

-          le recours à une entité extérieure salvatrice légitimant la domination et la délégation de pouvoir.

-          Le mythe du « mal originel »  de la nature humaine : Le bien , à travers l’éthique, n’intervenant que pour contenir et réduire les effets du mal.

-          La victimisation résultant de la faute originelle : La sortie de l’ « eden » , la rupture avec l’abondance de la nature et du vivant.

-          L’interdit , l’instrumentalisation , la subordination  de l’ « éros » : L’amour référé aux contraintes de la vie domestique , à la destination des héritages , à la loi patriarcale.

-          Le désir inhibé ou sublimé , séparé de son accomplissement par le plaisir et la jouissance – aujourd’hui , appauvri ou débridé par la compulsion d’un « sans limite » du jetable consumériste.

 

Jusqu’à présent , l’idéologie du progrès a fait prévaloir que l’amélioration des conditions de la survie serait le passage obligé pour se hisser graduellement et mécaniquement au stade de l’émancipation. Il nous parait aujourd’hui fondamental de renverser ce paradigme. C’est bien plutôt notre ressaisissement à la puissance conscientisée du désir de fraternisation , de l’ « éros » des rapports homme/nature qui nous permettra de basculer sur les multiples chemins des dispositifs vertueux nous dégageant de l’emprise névrotique de la quête de survie .

 

Cette phrase de Marx , dans les « Manuscrits de 1844 » prend ainsi toute sa portée pratique d’émancipation :

 

«  C’est seulement grâce à la richesse déployée objectivement de l’essence humaine que la richesse de la faculté subjective de sentir de l’homme est tout d’abord soit développée, soit produite, q’une oreille devient musicienne, qu’un œil perçoit le beauté de la forme, bref que les sens deviennent capables de jouissance humaine, deviennent des sens qui s’affirment comme des forces essentielles de l’homme. Car non seulement les cinq sens ,mais aussi les sens dits spirituels, les sens pratiques (volonté, amour, etc.), en un mot le sens humain, l’humanité des sens, ne se forment que grâce à l’existence de leur objet, à la nature humanisée. »

 

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